(n6) Un jour dans notre vie... Une passion incomprise ?

Messages : 351 Date d'inscription : 30/09/2007 Age : 31 Localisation : [NEANT]

Un jour dans notre vie… Une passion incomprise ?

Un jour, nous sommes entrés en Indochine. Certains en sont revenus, mais d’autres se complaisent toujours dans cet univers parfois onirique qui leur semble être le leur, un monde qui en quelque sorte leur appartient.Cependant, la compréhension d’un telle passion n’est pas toujours de mise et le respect semble parfois bien utopique…

« On m’en a fait baver plus d’une fois à cause de ma passion pour Indochine » nous confie Bérengère. « Jamais les gens n’ont cherché à écouter ni comprendre car ils se sont arrêtés à l’Aventurier, 3 nuits par semaine, J’ai demandé à la lune… A vrai dire je m’en moque un peu qu’ils n’aiment pas, mais ce qui m’énerve c’est qu’ils continuent les moqueries en voyant que cela me blesse réellement. A cause de ma passion pour ce groupe j’ai commencé à perdre des amis, même un de mes plus proches qui n’a pas supporté ma passion pour eux, et cela m’a fait très mal » raconte-t-elle tristement. « A partir du moment où je me suis enfermée dans ce monde (après mon premier concert…) un village entier m’a méprisé et me méprise toujours car chez moi, la mentalité des gens c’est exclusivement travail ou musique "fashion"… »

Comment un intérêt certain pour un groupe peut-il générer de telles réactions, quand une tout autre passion dans un domaine quelconque ferait à peine sourciller, aussi forte soit-elle ?
A cela, Amandine répond : « la différence, personne ne l’accepte. Qu’elle soit physique ou morale, c’est le même problème : les gens "normaux" s’enferment dans leur petit monde bien rangé et n’aiment pas qu’on le leur bouscule ».
Elle évoque alors les moqueries : « les "fans" d’Indochine ont toujours subi ça, "à cause" de Nicola, de ses "mimiques" très féminines, du baiser de Boris dans Marilyn, etc. »
Florence peu amène ajoute : « Ce sont les clichés que je ne supporte pas : « "le groupe commercial", "le groupe d’homosexuels"… »

Seulement, toutes ces critiques négatives ne datent pas d’hier. "Fan" de la première heure, Claude(Venus13) nous raconte : « J’ai traversé avec Indo les années 90 et leur période de creux médiatique. Que ce fut dur à cette époque d’être "fan" et de le revendiquer. Des "ils existent encore ?" à des "Indo c’est nul" j’en ai entendu… »

Après pareils récits, impossible d’ignorer que les moqueries blessent, si tant est qu’il eût fallu certains témoignages des persiflages pouvant être rencontrés pour s’en rendre compte.
Mais, certains "fans", ont appris à accepter critiques acerbes et railleries, et réagissent même plutôt positivement, comme Rislaine par exemple : « Que l'existence serait morne sans critiques. A vrai dire, plus elles sont virulentes et mieux je les savoure. Pire, je les admets et me prête parfois avec délectation à un exercice d'autodérision. Voilà qui désarçonne les détracteurs les plus acerbes et me permet de garder une certaine lucidité. Car il faut faire des concessions, reconnaître à l'adversaire des points afin de lui paraître crédible et ne pas se faire taxer de "fanatisme aveugle et docile" ». Elle s’explique : « En effet, plus que la musique d'Indochine (qui est loin d'être subversive selon moi) les critiques et moqueries se portent surtout vers l'attitude des fans qui frise parfois, il faut l'admettre, le ridicule. Cependant, cette caractéristique semble intrinsèque à tout phénomène de fanatisme quel qu'il soit. On ne s'étonnera pas qu'en France, pays où l'on aime ce qui est mesuré, les débordements hystériques de quelques fans suscitent l'ironie mordante d'une intelligentsia pédante et sérieuse. Choix vestimentaires, phénomènes identitaires, sentiments d'appartenance à une communauté, sont autant d'aspects qui marginalisent les fans et les font apparaître aux yeux de la société comme les victimes consentantes d'une sombre "fumisterie musicale", d'un produit "marketing et commercial". Je cite volontairement les termes de certains de mes proches qui montrent à quel point ces derniers sont critiques vis à vis d'Indochine et des phénomènes que le groupe engendre bon grès malgré ».
Le témoignage de Rislaine se révèle étonnamment intéressant de par sa véracité et son ingéniosité. D’une part -et il faut le reconnaître-, l’attitude de certains quand à "l’objet" de leur passion s’avère parfois burlesque, voire même inquiétante. D’autre part, pourquoi être sans cesse sur ses gardes et "bondir" à la première remarque quand vétilleux et trublions aux regards désapprobateurs n’attendent rien d’autre qu’une réaction colérique ? Ne peut-il pas s’avérer intéressant au contraire de parodier et pousser jusqu’à l’autodérision afin de contrer les remarques -certes parfois acrimonieuses-, déstabilisant dans un second temps les moqueurs les plus cuisants ? C’est une proposition non négligeable qui nous est soumise…

Face à cela, certains ne sont pas même confrontés à cette forme d’intolérance que constituent parfois les quolibets. Assurément l’entourage sait parfois se montrer compréhensif, voir même intéressé, notamment les parents des plus jeunes (sans généraliser) ayant eux-mêmes initié leur progéniture, ou la famille, tout simplement par curiosité ou soucis de faire plaisir.
Pascale elle, a découvert Indochine par le biais de sa famille : « Indochine est entré dans ma vie de par mon père. Dès qu’il a entendu l’Aventurier, je devais avoir 7 ans… j’ai plongé dans ce groupe. Mes frères ont suivi le mouvement… Mon père en est resté là mais nous autres avons continué… »
Marion, des étoiles encore plein les yeux nous relate comment, le temps d’un soir elle a pu dévoiler une partie de son univers à ses parents et partager un moment fort en leur compagnie. «…Mon père a raconté à beaucoup de personnes notre excursion un peu folle. Il était heureux lui aussi ce soir là, et depuis on savoure quelques fois des vidéos de ce concert ensembles à sa demande : "Marion c’était quand même bien ce concert" - "Oui papa". C’est là qu’on s’effondre dans un bonheur immense… » se souvient-elle.
Enfin, Roxane nous raconte : « Point de vue famille, ma mère adore, elle me suit même en concert quelques fois. Ma sœur préfère leurs débuts, par contre mon père trouve que je parle trop d'Indochine, que je rapporte tout à eux, que c'est lassant. Je ne m'en rends pas compte, c'est possible, mais ça ne gène pas grand monde d'habitude.»

Ainsi, il est préférable d’omettre regards narquois, "piques" et moqueries afin de mieux se concentrer sur des moments agréables… Et puis, certains changent d’avis, revoient leur jugement qui se révèle avoir été auparavant hâtif, comme en témoigne Sarah : « Une personne ayant critiqué Indochine était fan de Placebo. Comme elle a appris 4 ans plus tard que Brian Molko chantait avec Nicola Sirkis, on s’est revues et elle m’a dit que finalement, Indochine c’était bien… ».
« C’est quoi la chanson déjà ? "Moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste, toujours du bon côté" » ironise-t-elle.

Quoi qu’il en soit, et certains ont aimé à le rappeler, cela fait maintenant plus de 20 ans qu’Indochine transmet des émotions, provoque des rencontres, fait vivre ses albums en concerts… et cela, personne ne peut le soustraire.
Laissons la parole à Sarah pour conclure sur un ton enthousiasme : « Cette passion peut paraître excessive aux yeux de nos proches. Mais dans le fond, ils ne savent pas ce qu’Indochine a changé dans notre vie. Quand je dis changer notre vie, ce n’est pas une métaphore… Ils sont à mille lieues de s’imaginer. Laissons les juger dans leur coin »

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