(n°1) visuel indochinois

Pour ce premier n° d'Un Jour en Indochine, je vous propose deux visuels.

- La petite fille au tambour (A&J)
- La pochette de l'album d'Alice et June

Ici, donnez votre propre analyse du visuel de la petite fille au tambour. Comme pour les autres rubriques, vos avis seront sélectionnés et apparaitront dans le journal

A vos claviers !

Je tiens encore à le dire, merveilleuse idée de rubrique

1) Pour la petite fille au tambour:

Quel symbole! Tout d'abord, nous savons tous à quel moment cette jeune fille, tambour battant, fait son apparition. Elle apparaît au-dessus de nos cris, surplombant notre impatience, prête à battre le rythme devant nos mains qui n'attendent que son signal. Là voici, les yeux baissés. Ses yeux, son mystère, que personne n'a pu percer, bandés, cachés, le regard masqué, quelle émotion derrière ce bandeau rouge? Mais qu'importe après tout... elle avance, elle continue, elle marche, elle se bat. Voici également une idée que nous retrouvons dans l'album: ces deux adolescentes, en proie à des découvertes terrifiantes, face au passage à l'âge adulte, quand le monde se montre sans son voile opaque de protection jusque là conservé et désiré par les adultes, nos parents. Ces deux adolescentes ne trouvent pas leur place, mais cherchent un monde, un ailleurs, "un ciel sans l'amour de Dieu", elles s'imaginent un monde pour se retrouver, un monde pour elles, leur solution, leur volonté.

Et cette fille au tambour, elle ne comprend pas, ne saisit pas non plus ce qu'elle fait ici, ne trouve pas sa place, mais elle se bat, elle continue inlassablement à marcher, à frapper son tambour. Elle part, fuit vers ce monde qu'elle aussi s'est imaginée, loin de notre univers bercé d'illusions, elle s'y rend. Mais tout au long du long de ce chemin, elle garde le regard baissé, fatiguée et lassée par la vie sur laquelle son regard s'est déjà posé. Elle trace donc sa route, tambour en mains, frappant le rythme, imprimant une cadence à sa marche, un but à ses pas. L'échos de ses battements l'entraîne, l'emmène... et au final, nous emènne avec elle, dans son monde, son univers, auprès d'Alice and June, dans leur monde déglingué.

Cette petite fille au tambour nous illumine, nous annonce le début d'un bout de "Paradize".
Elle est là, sans être là... Elle ne veut pas voir la vie. C'est pour cela que son regard est baissé, qu'un bandeau rouge cache ses yeux.
Mais qoiqu'il puisse arriver, elle continue de battre, de SE battre.
Cette petite fille au tambour nous rappelle que nous resterons de du coton, dans cette bulle Indochinoise.

Nous ne grandirons jamais... jamais...


HS: Sui peut se soucier de l'avis d'une gamine de 14 ans mmh?!

xvibrat0r a écrit:

Elle ne veut pas voir la vie. C'est pour cela que son regard est baissé, qu'un bandeau rouge cache ses yeux.
Mais qoiqu'il puisse arriver, elle continue de battre, de SE battre.

Waaah... c'est super intéressant ce que tu dis là... je n'avais jamais vu cette petite fille de cette façon... merci

=) Merci

Oh, mais je le pense. Et je me permets juste un petit HS pour répondre à une remarque mélancolique (cynique?) de ton post précédent: l'âge n'entre en rien dans la crédibilité, crois-moi. La créatrice de ce forum n'a que quatre ans de plus... tout comme moi. Cela fait-il de nous des gens plus aptes à être pris au sérieux? Peut-être pour certains. Mais, crois-moi, tes quatorze ans ne changeront jamais l'estime et le respect que tout l'Indotalk a à ton égard.

Je me devais de le préciser. Mille excuses pour le hors sujet.

Merci

**bon... ^^**

Je disais ça parce que dans mon entourage personne ne me prend au sérieux dans tout ce que je fais... à cause de mes 14 ans

[/HS]

Voilà, j'ai enfin fini mon analyse de ce visuel très intéressant et représentatif de multiples choses qu'est la petite fille au tambour. J'espère n'avoir rien oublié.


Visuel N°1 : « La petite fille au tambour »

La Petite Fille au Tambour… Elle nous a suivi tout le long de cette dernière aventure Indochine qu’a été le Alice et June Tour, ouvrant tous les concerts sur ce rideau tombé devant la scène, faisant battre nos mains et nos cœurs au rythme de son tambour.
Mais que représente-t-elle vraiment ? Quelles préoccupations, quels thèmes, quels symboles sont cachés derrière cette petite fille marchant tambour battant ?


Au premier regard, ses cheveux tombants sur son visage et sa bouche me font vraiment penser à Nicola. Et je pense que ce n’est pas anodin. En effet, cette petite fille au tambour, pour moi, c’est Nicola. Nicola avec toutes ses préoccupations, toutes les questions qu’il se pose sur le monde d’aujourd’hui, le monde que les adultes de son âge laissent à leurs enfants, et qui seront développées dans l’album.

Mais s’arrêter à cette constatation serait une erreur, puisque cette petite fille, comme un livre ouvert, nous dévoile de nombreuses autres choses, comme en grande partie le thème général de l’album, qui est le passage de l’enfance à l’âge adulte.
En effet, plusieurs éléments de cette illustration nous donnent des indices sur ce même thème.
Commençons d’abord par celui que je pense être le plus visible : Le contraste entre les vêtements du haut et ceux du bas, qui symbolisent bien ce passage.
En bas, près du sol (et donc de la terre Maternelle, et de la taille des enfants également), on a des ballerines et des collants rayés, comme ceux que portent les petites filles, tandis qu’en haut (taille des adultes), on a un chemisier rouge et une cravate, habits plus adultes selon moi (la cravate est en général portée par les hommes pour les réunions d’affaires, et le chemisier par les femmes avec un tailleur).
Cependant cette cravate, qui se veut si adulte, est rayée comme les collants symbolisant l’enfance (qui peut être aussi symbolisée par le bandeau sur les yeux, qui fait penser au célèbre jeu du « colin-maillard »). Notre petite fille aurait-elle du mal à passer d’une époque de sa vie à l’autre ? Garderait-on dans notre vie d’adulte ces merveilles et cette insouciance de l’enfance ?

Le tambour quant à lui, est selon moi la charnière entre l’enfance et l’âge adulte. Il représente presque à lui seul ce passage de l’enfance vers l’adolescence et l’âge adulte.
En effet, un tambour tel que celui-ci peut être un jouet que l’on offre aux enfants ou que l’on accroche en miniature au beau sapin de Noël.
Mais c’est aussi dans l’armée un objet utilisé pendant la guerre pour annoncer les combats et entraîner les soldats vers le champ de bataille.
De plus, le rythme monotone des battements du tambour peut faire penser à la routine quotidienne des adultes qui chaque jour réitèrent l’éternel rituel du « métro-boulot-dodo », d’une façon mécanique, et qu’ils pourraient presque faire « les yeux fermés ».
Les yeux fermés, comme le sont ceux de la petite fille au tambour derrière son bandeau rouge. Elle ressemble à ces soldats de plomb mécaniques, qui avancent d’un pas régulier et qui répètent incessamment les mêmes gestes. C’est donc peut-être la peur de la déshumanisation engendrée par la société actuelle, où les humains sont remplacés par des machines, qui est évoquée ici. Deviendrait-on des robots exécutant chaque jour la même tâche monotone ? Là est sans doute une des peurs de Nicola, qui se demande quel monde il va montrer à sa fille. Lui qui voudrait sans doute lui montrer un monde où tout est beau, à l’image de sa petite princesse, il se rend compte que finalement le monde est perverti et la société dans laquelle nous vivons est envahie par les machines qui enlèvent une part d’humanité (ex. Caisses automatiques dans les hypermarchés).

Mais le bandeau rouge associé aux autres éléments évoque aussi toujours le même thème du difficile passage à l’âge adulte évoqué dans l’album : On cache la vérité aux enfants, on leur « bande les yeux ». Mais le roulement de tambour sonne la sinistre vérité de la vie telle qu’elle est réellement.

Pour terminer sur ce premier point, je dirais que cette petite fille me fait penser à ces flèches sur les frises chronologiques qui marquent l’évolution d’un pays ou d’une population, d’un art etc. La flèche démarrerait alors sur les ballerines au sol (naissance), puis elle continuerait sur les collants (enfance), ensuite le tambour (charnière = adolescence) et enfin la cravate et le chemisier plus le bandeau (âge adulte, monotonie du rituel quotidien métro-boulot-dodo).
C’est l’évolution d’un enfant vers ce qui fera de lui un adulte.

Penchons nous maintenant sur la petite fille en elle-même, son attitude, ses gestes.
Avec ses yeux bandés, elle marche vers l’inconnu, à tâtons. Elle ne sait pas où elle va, ni quels obstacles se présenteront à elle, mais elle avance indubitablement, tête baissée, comme si c’était une fatalité, qu’elle n’avait aucun autre chemin possible que d’aller tout droit (ce qui est vrai si l’on considère qu’elle va vers un tournant de sa vie). Ce passage est obligatoire et elle devra trouver seule les réponses à ses préoccupations.
Par sa démarche, elle rappelle le petit soldat qui s’en va en guerre. Contre qui, contre quoi ? Contre le monde ? Contre elle-même qui se sent perdue dans ce corps qui change ? Contre cette société de pervertis ?

Démultipliée, on dirait une armée qui s’en va en guerre contre les mauvaises langues, les mauvaises choses de la vie, de ce monde, et qui crie : « On existe ! »
Elle me fait aussi penser aux Divisions de la Joie, qui marchent tous en chœur vers leur paradis Indochinois… Nous en quelque sorte ! Bel hommage non ?

Pour conclure, cette petite fille au tambour qui nous a suivis partout sur les concerts est un peu la jeune fille aux mille visages, et l’on peut interpréter ce visuel de plusieurs façons, en y traitant plusieurs thèmes. C’est selon moi le visuel qui représente le plus de choses : Nicola, le groupe, le public, et bien sûr le thème de l’album.

C’est un visuel que j’aime beaucoup pour ces raisons, et aussi parce que beaucoup de fans peuvent sans doute s’y retrouver.


Alexandra L. « AdorAlexSirkiS » - Un Jour en Indochine – n°1 – Septembre 2007

EDIT : Après réception du MP de Pierre (thepuppetmaster) qui m'a fait une merveilleuse trouvaille, je rajoute un petit "Le saviez-vous ?" à la fin de mon article.

Le saviez-vous ? "La petite fille au tambour" (The Little Drummer Girl) est le titre d'un roman d'espionnage de John Le Carré, publié en 1983, et qui retrace les manipulations de Martin Kurtz, un maître espion israélien qui essaye d'assassiner un palestinien appelé « Kahlil », auteur d'attentats à la bombe contre des cibles juives en Europe, et particulièrement en Allemagne.
Ce roman fut adapté au cinéma en 1984 par George Roy Hill, avec Diane Keaton dans le rôle de Charlie.

Source : Wikipédia ==> http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Petite_Fille_au_tambour

Merci à Pierre !

J'aime beaucoup!!
Bravo pour ton sens de l'analyse:D

Merci !

Waw !!! Bravo !!! Franchement elle est super ton analyse, elle est très complète !!

Merci !

Franchement, bravo!
J'aurais jamais pensé que ce dessin puisse contenir autant de sous-entendus.
Superbe analyse!

J'aime beaucoup mais j'ai juste quelques remarques à faire...

Citation :

En bas, près du sol (et donc de la terre Maternelle, et de la taille des enfants également), on a des ballerines et des collants rayés, comme ceux que portent les petites filles, tandis qu’en haut (taille des adultes), on a un chemisier rouge et une cravate, habits plus adultes selon moi (la cravate est en général portée par les hommes pour les réunions d’affaires, et le chemisier par les femmes avec un tailleur).

Je trouve tout cela très intéressant... cependant, j'ai un peu de mal avec cette idée du tambour symbolisant le passage de l'enfance à l'âge adulte. Peut-être est-ce chercher trop loin. Un instrument n'est pas un symbole de maturité, à mon avis.

Citation :

Mais le bandeau rouge associé aux autres éléments évoque aussi toujours le même thème du difficile passage à l’âge adulte évoqué dans l’album : On cache la vérité aux enfants, on leur « bande les yeux ».

J'avais compris cela dans l'autre sens... que c'était cette petite fille qui ne voulait pas voir le monde. Demeurer dans l'insouciance, dans son univers d'enfant. Ne pas pénétrer dans cet univers impitoyable et corrompu... je pensais plutôt qu'elle ne VOULAIT pas voir, et non pas que quelqu'un l'empêchait de se confronter à la réalité.

Wouah... je suis stupéfaite par ton analyse, je n'avais pas remarqué tant de symboles!

magnifique, merci.. par contre, juste, je ne vois pas trop le rapport avec le film?? il ajoute réellement quelque chose à la compréhension du symbole?

Et pour les autres textes proposés sur le forum, je te propose de les mettre à la suite, ainsi que la remarque d'unita, qui montre que tout le monde n'est pas d'accord..


En tout cas un énorme BRAVO pour ton analyse, ton expression, tes recherhces et le temps consacré à ce texte... je suis bluffée

Mais juste la prochaine fois, tu pourrais le poster dans la rubrique des responsables, normalement on publie par sur le forum les textes à paraître dans le journal

Oops désolée ! *** Mode boulet ON ***

Pas de problème ! Pour le film, ca n'apporte rien de spécial à l'analyse du symbole, mais j'ai trouvé ca intéressant comme réference culturelle

Unita :

Pour le tambour, l'instrument n'est pas un symbole de maturité, mais il symbolise selon moi la charnière entre les deux époques de la vie car il peut être jouet (enfant) mais aussi instrument de guerre (adulte).

Je suis aussi d'accord avec toi pour le fait que la petite fille a les yeux bandés pour rester dans son insouciance et dans son monde, mais je suis partie du thème du passage de l'enfance à l'âge adulte et des paradoxes entre les symboles (bandeau ==> vérité cachée / tambour = guerre des adultes + routine métro-boulot-dodo). Il y a plein d'interprétations a voir (ca me fait d'ailleurs penser que j'ai oublié de mettre l'élement que tu viens de citer dans mon analyse lol) !

Darwin : Pour les textes des autres internautes, pas de problème. Je poste tout dans la rubrique appropriée.

AdorALexSirkiS a écrit:

Pour le film, ca n'apporte rien de spécial à l'analyse du symbole, mais j'ai trouvé ca intéressant comme réference culturelle

Je suis d'accord avec AdorALexSirkiS (il me faut bien quelques secondes de réflexion, à chaque fois que j'essaie d'écrire ton pseudo ), ça n'a pas grand-chose à voir mais c'est sympa de savoir qu'il y a eu d'autres choses avant sur ce thème...

Citation :

la charnière entre les deux époques de la vie car il peut être jouet (enfant) mais aussi instrument de guerre (adulte).

Je n'avais pas compris ton explication comme ça... merci de ta précision, très pertinente, tu m'as convaincue!

Je suis d'accord sur le fiat que c'est intéressant, mais mon souci est que le texte est long, bien plus que je ne l'avais pensé, et j'ai réussi à tout mettre sur 2 pages mais par contre je n'ai plus de place...que faire??

Darwin a écrit:

par contre je n'ai plus de place...que faire??

Plus de place pour mettre le reste...?

Plus de place pour mettre "le saviez-vous"? sinon j'ai réussi à mettre tout le reste, y compris les textes des membres du forum...

Et y'a pas moyen de mettre une petite bulle avec le texte dedans ?

Une bullle?? j'vois pas trop ce que tu veux dire.. Mais je vois mal comment je pourrais rajouter quelque chose, les 2 pages sont pleines. Ou alors il faudrait effacer du texte, mais je trouve ca dommage

Tu sais une forme automatique sur word, ou tu peux mettre du texte dedans. Si tu n'y arrives pas je peux essayer de le faire

Ah oui d'accord je vois.. mais je peux rien rajouter, les 2 pages sont entièrement remplies!!

Mais... pourquoi ne pas, simplement, ajouter une page...?!