Que sont-ils devenus ? Jean-Pierre Pilot
Continuons notre parcours parmi ceux qui ont contribué à faire l’histoire d’Indo. Les gens qui ont, dans leur vie, fait partie de cette aventure, et qui en garderont une empreinte indélébile.
Aujourd’hui, voici un personnage très important pour le groupe, un musicien : Jean-Pierre Pilot.
Il s’agit ici d’un personnage central d’une bonne partie du périple Indochinois. En effet, Monsieur Pilot fut pianiste/claviériste du groupe entre 1994 et 2001. Il s’est peu à peu emparé d’une place conséquente au sein du groupe, avec le succès qu’on doit lui reconnaître.
Pianiste d’Alain Bashung pendant treize ans, Monsieur Pilot intégra le groupe en 1994 et put prendre part au live Radio Indochine, paru en 1994 (Live aux Francofolies de Spa). Jean-Pierre Pilot, qui est un homme plutôt discret, impose déjà sa touche si particulière au sein des morceaux d’indo. Preuve en est avec le sublime piano/voix de 3ème sexe présent sur ce même opus live Radio Indochine. Une version que l’on doit en grande partie à Monsieur Pilot, qui était doté d’un immense talent…Il s’agit d’une des reprises acoustiques les plus marquantes du groupe à ce jour.
Suite au départ de Dominique (compositeur du groupe entre 1981 et 1994) Nicola et Stéph sont un peu désemparés, mais décident très vite de continuer l’aventure. Jean-Pierre Pilot en sera. Il prendra même part à une bonne partie de la réalisation de l’album Wax, paru en 1996. Alexandre Azaria viendra prêter main forte aux jumeaux pour la composition de cet album. Mais l’aventure de ce dernier tournera court en raison de problèmes comportementaux mais aussi, et surtout, un problème de plagiat. En effet, Wax contient plusieurs sons qui ont été copiés (et parfois assez visiblement) comme le titre L’amoureuse. On peut également reconnaître les premières notes du morceau Unisexe. Il s’agit d’un sample de "Surf Riders" des Lively Ones (un morceau présent sur la BO de Pulp Fiction).
Le temps passe et (malgré le faible rendement commercial de Wax, dont Indo n’est absolument pas responsable…) le groupe est déjà tourné vers l’avenir. Nous entrons dans l’époque Dancetaria (1999). Il s’agit pour moi de l’époque ayant vu le plus de talents à la fois au sein du groupe !
On peut retrouver Jean-Pierre Pilot, Stéph, Nicola, Marc, Boris, Mathieu Rabatté et un certain…Oli de Sat aux arrangements ! (Et une petite apparition de Dimitri sur la tournée…).
Malheureusement, Stéph quittera le navire pour les raisons que l’on connaît, et cela laissera à jamais les fans dans un état de manque et d’immense respect pour lui. Cela notamment au regard des compositions qu’il a pu écrire sur Dancetaria. Elles apportent un ultime témoignage de son talent, s’il en fallait encore un pour s’en convaincre… Sur cet album, Jean-Pierre Pilot va prendre une place prépondérante. Celui qui a aussi travaillé pour Brigitte Fontaine, va prendre part à la réalisation de l’album mais aussi à la composition de neuf des douze titres de l’album ! (quatre co-compositions et cinq compositions). Autant dire qu’il fut l’un des principaux artisans de la qualité du disque, bien qu’il n’ait pas été le seul.
Voici quelques précieux propos retrouvés de Jean-Pierre Pilot, à l’époque : « Dans l'esprit de Nicola, une fois les morceaux échafaudés, il fallait que ça sorte le plus spontanément possible, pour, par la suite, construire différents niveaux plus complexes. "Comme les crescendos", reprend Nicola, "j'adore ça !" »
Jean-Pierre Pilot a apporté toute l'ampleur de son discret et étendu savoir aux nouvelles compositions. Et le résultat est là ! A la majorité, les fans considèrent qu’il s’agit là de l’album le plus abouti d’Indo. Les critiques ont pu parler de « bijoux pop-glam-goth » même s’il faut toujours prendre un certain recul avec les expressions toutes faites des journalistes. Les concerts seront extraordinaires (comme chaque tournées d’Indo) et l’on sent Jean-Pierre proche de Nicola. Arrive ensuite le très beau Nuits intimes (2001), que produira Jean-Pierre Pilot. Il faut là encore lui rendre un sacré hommage pour ces versions acoustiques. Elles sont tout simplement sublimes…Avec en bonus, à l’époque, l’écriture du morceau introduisant l’album : Nuits intimes.
Mais Indo est déjà tourné vers l’avenir, comme toujours. Nicola a annoncé que le prochain album serait « punk » après une telle session acoustique. L’envie de ressortir les guitares électriques et de jouer fort est grande. Les problèmes arriveront à peu près à cette époque…Cela datait-il déjà un peu ? Nous ne pouvons répondre à cette question. Mais Jean-Pierre Pilot, qui a pris une part importante au sein du groupe, aspire à prendre plus de responsabilités, davantage de décisions concernant le domaine musical. Et cela n’est pas du goût de Nicola, qui est bien décidé à ne laisser personne prendre le contrôle du groupe.
En effet, Jean-Pierre partage de moins en moins l’univers vers lequel se tourne le groupe. Il rêve d’autre chose et le fait savoir. Les avis divergent, les egos se heurtent…La tension monte et Jean-Pierre Pilot quittera finalement l'épopée Indochinoise en 2001.
Nicola : « Le départ de Dominique m’a fait comprendre que personne n’était irremplaçable. On avait déjà une direction pour le nouvel album, mais lui, c’était tout de suite : Je veux faire un album comme Björk, je veux faire ceci, je veux faire cela… Moi j’ai dit : On n’est pas là pour faire ta carrière solo, on est là pour Indochine. C’est quelqu’un qui a un immense talent, qui m’a appris beaucoup de choses, à qui on a appris beaucoup de choses également, mais il avait besoin de beaucoup plus de notoriété que nous. Il ne comprenait pas qu’on refuse de faire des télés, qu’on n’accompagne pas Johnny sur scène, des trucs comme ça…Enfin, il n’était pas du tout dans notre univers. En plus, il s’entendait de plus en plus mal avec Boris, qui commençait à prendre une place importante dans le groupe ».
Jean-Pierre de son côté déclarera qu’il est parti de son « plein gré, sans aigreur. Parce que ça faisait huit ans que j’étais avec Indochine, et que j’avais l’impression de tourner en rond. Il y avait aussi les textes des chansons, que je trouvais trop ado et qui, après la naissance de ma fille, me gênaient. Nicola voulait faire un album hypnotique, à la Cure, moi je rêvais de quelque chose de plus extrême. Mais je savais que le succès allait arriver, que ce groupe était une bombe, et qu’il suffisait d’un single avec un bon texte pour qu’il fasse un carton absolu. C’est arrivé avec l’album Paradize, que je trouve superbe, et je m’en réjouis ».
On peut penser que cette séparation, qualifiée de « détail » pour le groupe par Nicola, est loin d’en être un…Il était très proche de lui, et ce dernier avait un immense talent. Peut-être est-il le meilleur claviériste qu’ait connu Indo, sans faire offense aux autres bien évidemment. Son départ sera minimisé, et sa contribution sera même parfois occultée dans les documentaires retraçant l’histoire du groupe. L’on ne peut s’empêcher de penser au documentaire (par ailleurs très bien fait) "Un flirt sans fin". Ce film, parcourant brièvement l’histoire du groupe, passe quasiment sous silence l’apport de Jean-Pierre Pilot. Un détail, qui pour le coup, n’échappera pas aux fans…
Le conflit ayant éclaté au grand jour, l’on assistera à quelques échanges piquants entre Nicola et Jean-Pierre, marquant l’amertume, les regrets, la souffrance…Viendront se mêler à cela des problèmes de droits d’auteurs concernant le DVD des "Divisions de la joie". (En revanche, selon Jean-Pierre : « Nicola a été très correct » avec lui concernant les droits musicaux des morceaux de Dancetaria). Il est important de préciser qu'avec l’arrivée « imprévue » d’Oli de Sat sur l’album Dancetaria et ses arrangements « miracles » selon Nicola, cela a indirectement précipité le départ de Jean-Pierre Pilot. L’univers et cette atmosphère avec un son plus « froid » et torturé (qui trottait depuis un moment dans la tête de Nicola) qu’apporte Oli, est un vrai tournant pour le groupe.
Jean-Pierre Pilot n’y adhèrera pas.
Aujourd’hui Jean-Pierre a définitivement tourné la page Indochinoise, et a très bien réussi son parcours, puisqu’il collabore avec des artistes tels que Zazie, Alain Bashung et Johnny Hallyday.
Il faut rendre hommage à ce très grand musicien (titulaire de nombreux premiers prix de concours classiques très prestigieux) pour son apport au sein du groupe. Il a véritablement donné un son, et des compositions qui resteront imparables et sublimes. Il a également su revisiter certains morceaux au piano d’une manière absolument extraordinaire. Les fans savent à quel point il a pu compter pour le groupe…alors Monsieur Pilot : merci à vous, respect & bonne continuation !
Cuicui
Accueil 
